La mise en espace:

Choses Tendres a été présenté du 11 au 15 octobre 2004 à Théâtre Ouvert dans le cadre des Pari(s) Ouvert(s) : La jeune création mise en espace Paris(s) Ouvert(s)…

Théâtre Ouvert, Centre dramatique national de création, a proposé du 11 au 15 octobre 2004 dans le cadre des Pari(s) Ouvert(s) : Choses Tendres de Marie de Beaumont, mise en espace par Olivier Schneider: Les Pari(s) Ouvert(s) présentent un travail avec de jeunes auteurs autour de la mise en espace de leur texte. Un metteur en scène et des comédiens se réunissent avec l'auteur et présentent, au terme de 12 jours de répétitions, 5 représentations publiques. C'est aux spectateurs d'imaginer, à travers le travail des comédiens, le futur spectacle possible.

"Où tout cela se passe ? Quand et à quel moment de leur vie ? Pourquoi se racontent-ils cela ? (…) je veux que les acteurs par leur jeu nous posent ces questions et nous donnent, à nous spectateurs, le loisir d'y répondre. Aux histoires que ces femmes et ces hommes nous racontent, je voudrais que s'ajoutent d'autres histoires que l'invisible et le visible des acteurs, la bande-son, les regards et les présences silencieuses suscitent en ne les imposant pas."

Olivier Schneider, extrait du Journal de théâtre Ouvert n°11, oct., nov. et décembre 2004.

Ils ont participé à la mise en espace (Théâtre Ouvert, Foire Saint Germain):

création lumière : Stan Bruno Valette

les acteurs:

stéphanie farison Stéphanie Farison

rodolphe congé Rodolphe Congé

Joséphine de Meaux

thibault Thibault de Montalembert

photos de Julien Kraemer

Toute notre estime à Lucien et Micheline Attoun ainsi qu'à toute l'équipe de Théâtre Ouvert pour leur générosité, leur travail, leur audace et l'extrème qualité de leur acceuil.

Projet dramaturgique de Choses Tendres de Marie de Beaumont par Olivier Schneider

Entre les Choses… Publié dans le Journal de Théâtre Ouvert, automne 2004 (extraits)

Ce projet est au croisement de 2 axes de mes recherches personnelles, l'un sur ce qui est, ou peut devenir la parole monologuée, une recherche que j'ai menée en tant qu'acteur et de metteur en scène , l'autre axe sur ce qui se crée entre les acteurs - ce qui les relit les uns aux autres, ce qui les écarte, la tension qui les sépare.

Ma première démarche, quand je me suis emparé de Choses Tendres, a été d'en compter le nombre de personnages. De 6 individus possible pour 6 monologues, 3 hommes et 3 femmes, je n'en ai retenu que 4. Pour qu'un homme et une femme aient en charge 2 monologues à des instants différents de leur vie, à deux étapes de leur parcours. Ainsi le premier homme et la deuxième femme de cette succession de paroles pouvaient faire le lien entre les différentes histoires. Puis il a fallu définir à qui ils s'adressaient, et ainsi Choses Tendres est devenu une affaire de théâtre. Ce que je voudrais faire voir, c'est le lien amoureux, ou l'échec d'être ensemble.

Revoyons l'ordre des choses. D'abord une femme a pour nécessité de nous dire pourquoi elle a quitté celui qu'elle aime, mais qu'elle ne verra plus et dont elle garde l'enfant. Cet homme est présent sur la scène et l'on entend sa voix durant de courts dialogues. On le voit ensuite, se confiant à une autre femme, se justifiant, et revivant sa première histoire comme une plaie incompréhensible qui ne se referme pas. Il y a quelque chose de ridicule et de vain, et pour celle qui écoute, un parler cru, insoutenable. Puis vient la dérision de la deuxième femme, quelque chose de drôle, et d'intelligent, mais aussi quelque chose de désespéré, comme si ce qui condamnait leur amour, c'était de pouvoir en rire, de s'en moquer. J'aime voir comme l'homme se transforme, et cela par la langue qu'il utilise, d'un vocabulaire hésitant, qui se cherche, à un vocabulaire volontaire, dans un rythme un peu trop décidé. Puis la même femme, que l'on retrouve comme après un choc, se transforme elle aussi en adoptant un parler précipité et inquiet, en plein préparatif de ses noces. Reste au deuxième et dernier homme de conclure, de juger et de se dire au dessus de l'amour par amour pour la peinture.

Où tout cela se passe? Quand et à quel moment de leur vie? Pourquoi se racontent-ils cela? Toutes ces questions je ne veux pas les résoudre, je veux que les acteurs par leur jeu nous les posent, et nous donnent, à nous spectateurs, le loisir d'y répondre. Aux histoires que ces femmes et ces hommes racontent, je voudrais que s'ajoutent d'autres histoires que l'invisible et le visible des acteurs, la bande son, les regards et les présences silencieuses suscitent en ne les imposant pas. A ce jeu de devinettes répond la réalité de la langue, sa matière et son rythme. Les témoignages se succèdent, 2 pour la même histoire, pour que chacun se trompe. Le spectateur peut voir cette autre qui manque ou cet autre dont on parle, et entendre comment l'autre à son tour se définit par rapport au premier.

Après la succession des deux premiers monologues, j'ai choisi de mêler ensemble ceux du couple qui suit. C'est un dialogue sans réponse, cet homme et cette femme, si proches et intimes ne s'écoutent plus, c'est une séparation (sans que l'on sache lequel se sépare de l'autre). Car il y a les autres, qu'il faudra bien inviter dans notre imaginaire, la famille, le travail, les collègues. Le dernier couple se définit par ces autres et pour ces autres, ils envahissent progressivement le plateau jusqu'à transformer l'amour en une anecdote, voire un antidote bien utile. D'un être solitaire, remplir la scène de tous les autres, d'une parole vraie et sincère, laisser deviner tous les mensonges: c'est un projet de construction, porté par l'écriture de Marie de Beaumont, et dont les acteurs, sur le plateau, seront les inventeurs.

Olivier Schneider.

Merci à Frédéric Mauvignier, à Micheline et Lucien Attoun, à toutes l'équipe de Théâtre Ouvert, à France Girard et à Bruno Michon