Dans "?" la revue de la Montagne Noire, aout 2017:

En cheminant avec deux ânes de Catalogne en Bretagne....

Traverser par les chemins, les petites routes et les sentiers un pays qui se perd à force d'être lacéré, bitumé et asphalté, c'est le découvrir tel qu'il est et tel qu'il a été: un pays de petits âniers. De Bretagne en Catalogne l'année dernière, et maintenant à mi parcours du chemin de retour (qui est passé par la montagne noire), le tout à pied bien entendu, nous allons de village en village, et les distances semblent convenir parfaitement aux pas de nos ânes. Finalement, l'imprévu, l'incongru, l'obstacle, c'est la Nationale, l'Autoroute, la Zone Commerciale ou pavillonnaire, lieux de multiples dangers, et de rencontres impossibles. Entre tout ça, aujourd'hui, il y a la Nature, la forêt, les vallons, les mûres et les fraises sauvages, les champs, les prairies et les petits villages. La Nature qui change avec les accents, du sud au nord, avec des variations infinies, et qui s'adapte tant bien que mal aux dérèglements impressionnant des températures, comme nous devons le faire quand nous cessons de la braver en la détruisant. Nos petits ânes, Bambou et Gaspard, qui portent nos sacoches (30 kg chacun, c'est à dire 1/5ème de leur poids) accomplissent l'exploit de relier tout simplement les gens et les villages, de faire naitre des sourires incroyable et le passé des anciens. Ils nous offrent un accueil que nous ne pourrions espérer sans eux et qui fait oublier les sirènes de malheurs et les semences de zizanie. Ils marchent partout, ils sont chez eux, mangeant au bord des routes, curieux des paysages et des nouveaux prés à brouter la nuit. Et notre enfant, Nour, qui dormait sur notre dos l'année dernière quand nous marchions découvre à présent, à l'âge de 2 ans la magie du chemin, les marguerites, les fleurs de pissenlit, les renards cachés dans la forêt, les lapins et les chevaux qui apparaissent, les arbres et les couleurs des fleurs. Quand on s'arrête, elle retrace le chemin et se souvient des gens.
Pourquoi nous déplacer ainsi ? C'est découvrir une vie, un chemin, des rencontres dans une continuité. Se libérer de la facilité des déplacements en sauts de puce, en trajets contraints par une logique routière, cette métamorphose des territoires en zones urbaines privées de nature. Bref reprendre pied dans ce qui reste de réalité, de vrai chemin, celui que tant d'ânes pendant des millénaires ont parcouru. Prendre des chemins qui mènent quelque part, se laisser guider par nos pieds et ceux des ânes pour voir ce qu'on ne voit pas autrement. Voyager ainsi, c'est aussi ressentir combien nos ânes sont précieux, essentiels et tacher de devenir pour eux des guides bienveillants afin d'obtenir leur confiance. C'est vivre les 2 premières années d'un enfant à plein temps et à pleine vie et puis c'est une façon de faire les choses sans trop de raison, sans plan, car nous ne pouvons pas justifier tous les bonheurs que nous y trouvons, ni les moments difficiles, c'est prendre la liberté de choisi ses chemins, comme celle de nous perdre parfois, lentement...


dans Ouest France, novembre 2017, à notre arrivée:

De Douarnenez à la Catalogne, au rythme des ânes

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Pauline Bourdet.

Caroline, Olivier et la petite Nour ont adopté deux ânes pour les accompagner dans un périple qui les a menés jusqu'en Catalogne. Ils sont aujourd'hui de retour avec des projets plein la tête.

Le témoignage

Grands adeptes de la marche, Caroline, 37 ans, et Olivier, 47 ans, ont un jour décidé de prendre à la route, pour vivre au jour le jour. « Notre fille Nour avait un an et on la promenait souvent sur le port de Tréboul. Un jour on s'est dit : C'est trop bête, autant avancer ! »

Pour les accompagner dans ce périple, ils adoptent Bambou et Gaspard, un couple d'ânes « inséparable » pouvant porter chacun une trentaine de kilos. Sur leurs dos, la famille stocke un peu de nourriture, leurs vêtements, quelques jouets, une tente et trois duvets.

Et surtout, « une guitare et un nez de clown », accessoires indispensables pour que la musicienne et le comédien puissent se produire sur la route, au hasard de leurs arrêts et des rencontres.

Un mode de vie « décroissant »

« On n'avait pas d'idée précise en partant, on pensait aller vers les Alpes... C'est le froid de la Vendée qui nous a poussés jusqu'en Espagne. » En avril 2016, la petite famille s'élance, Nour confortablement installée dans un porte-bébé sur le dos de son papa.

Doucement mais sûrement, au rythme du pas de Bambou et Gaspard, ils passent par le Lot, le Tarn, puis La Montagne noire de l'Aude, toujours sur de petits sentiers, en évitant les villes et les zones urbaines.

« On a vécu à l'écoute des ânes et de la petite, explique simplement Olivier. On n'est pas dans l'exploit sportif. On a avancé à notre rythme. Sans jamais rien planifier, on a toujours trouvé un endroit pour s'installer, une pâture pour les ânes... »

Après six mois de marche, c'est la Catalogne. Sur place, de Perpignan à Barcelone, Caroline découvre une zone musicalement riche, avec la rumba catalane. Olivier donne, lui, quelques spectacles de clown.

Suivant un mode de vie qu'il qualifie de « décroissant », le couple reste six mois sur place avant de reprendre la route au printemps.

Depuis un mois, après quelque 2 500 km aller-retour, la famille vient de retrouver la cité Penn sardin.

Des projets, Olivier et Caroline en ont encore plein la tête. D'abord, raconter leur expérience dans un livre, « pour donner envie aux gens de faire la même chose que nous. Il ne faut pas avoir peur, tout le monde peut le faire. »

Et hors de question pour eux de se séparer de Bambou et Gaspard. « On voudrait qu'ils continuent d'avoir une utilité. Quand on arrive quelque part avec des ânes, les gens sont toujours contents. On veut garder cet esprit de voisinage. »

En les habituant à l'attelage, le couple espère pouvoir les inclure dans des projets, comme un spectacle itinérant en Centre-Bretagne.

Mais surtout, ils espèrent pouvoir garder le plus longtemps possible cet esprit de liberté et de simplicité qui les a guidés pendant plus d'un an et demi.

« On a réussi à vivre avec quasi rien pendant deux ans, résume Caroline. Notre vie, les rapports avec les gens, tout était plus simple sur la route. On était dans une énergie du don : on n'a besoin de rien et les choses viennent à nous. »


dans Ouest France Pays de la Loire, Beauvoir du Mer, avril 2016 (au départ)

Lire l'article de presse sur le net

« L'important n'est pas la destination, mais la façon d'y aller »
article vendée

Avec le monde comme terrain de jeu, la petite Nour et ses parents Caroline et Olivier, vont sillonner la France. Une itinérance, faite de rencontres, bercée par le pas de leurs ânes.
Caroline et Olivier ont choisi pour Nour, leur petite fille de quinze mois, une ouverture à la vie au contact de l'inconnu. C'est avec deux ânes, Gaspar et Bambou, qu'ils sont en itinérance, d'un bivouac à l'autre, marchant une dizaine de kilomètres par jour. Partis le 28 avril de Touvois, en Loire-Atlantique, ils étaient à la Maison de l'âne, à Beauvoir-sur-Mer, en début de semaine. Une semaine de rodage à l'écoute du bébé et des animaux.
C'est à l'île de la Réunion, où ses parents étaient très impliqués dans un travail associatif, qu'est née la petite fille. De retour en Métropole, la petite famille est partie de Douarnenez en Renault-5 pour un périple en Espagne. « Nous sommes persuadés que toutes les rencontres improvisées, que ce soit avec les adultes ou les autres enfants sont des moments très riches et privilégiés avant d'aborder la scolarité. Et l'important pour nous n'est pas une destination, confient-ils, mais la façon d'y aller. »Devant la tente, abritée du vent par un petit monticule de terre, Nour profite du terrain de jeux dans l'herbe, sous l'oeil très attentif de papa et maman. C'est l'heure du repas ; le temps froid et venté de la fin avril a laissé place à un magnifique soleil annonçant de beaux jours. Superbe journée de repos avant le marché du jeudi où Caroline ira sans doute chanter. « Mais il y a tellement à faire que je n'ai même pas eu le temps de faire de la musique », regrette-t-elle en souriant.
Artistes professionnels, Caroline et Olivier se produisent en cours de route au gré des marchés et des fêtes locales. Musicienne et compositeur, la jeune femme chante ses textes en s'accompagnant à l'accordéon ou à la guitare, alors qu'Olivier, comédien-clown, s'exprime dans la rue. Le voyage avec un âne, Caroline connaît. Elle l'a expérimenté au Maroc où elle confie avoir été très impressionnée par la chaleur de l'accueil, en particulier chez les Berbères.
Leur philosophie ? Prendre soin de chacun. « Être à l'écoute de chacun de nous à commencer par Nour, mais aussi des animaux. Pour cela, les pauses sont fréquentes et surtout, le chargement des ânes effectué avec beaucoup de soin. Quant à Nour, dormir dans son sac à dos, bercée par le pas de son papa, semble un de ses plaisirs préférés. »

dans L'indépendant du 6 février 2017:
http://www.lindependant.fr/2017/02/06/des-migrants-bretons-et-quadrupedes-de-surcroit-en-villegiature-c-au-can-decreix,2289844.php

Des migrants bretons et quadrupèdes de surcroît en villégiature à Can Decreix !

Mon Dieu que le chemin est long et tortueux de la Bretagne à Cerbère. Surtout quand il faut faire un détour par la Catalogne espagnole. Voilà l’histoire de Bambou et Gaspard, deux petits ânes charmants, qui n’ont pas hésité à suivre Caro, Olivier et la petite Nour, tout juste un an, au départ de l’aventure pédestre, sur les chemins de France. Depuis le mois d’octobre en villégiature au sein d’un troupeau de grands ânes, ils s'exerçaient à l’apprentissage du braiment catalan. Ce week-end, accompagnés de François Schneider, deux et quatre pattes franchissaient le col de Banyuls, en passant par la route des crêtes, pour venir prendre leurs quartiers de printemps sur les terres cerbériennes. C’est chez Corinne de Las Occas, fervente et engagée protectrice de la cause animale, que Bambou et Gaspard vont trouver refuge et couvert pour quelques jours de repos mérités avant de s’aventurer dans les vignes non traitées et les terrains en friche, sagement gardés par une clôture portative. Les amis de Can Decreix, ce mas au dessus de la rue des Oliviers, peuvent être assurés que le spécialiste en botanique cerbérienne et du recyclage écologique, François Schneider, avec sa cuisine végétalienne saura faire découvrir à son frère Olivier et tout son petit monde, la richesse et les bienfaits de la flore méditerranéenne, sous le soleil catalan. Juste avant qu’ils ne retournent respirer l’air marin et humide de leur belle Bretagne, au risque de regretter quelque peu les saveurs et douceurs du climat méditerranéen de Cerbère. Gilles Meunier


dans La Nouvelle République, le 28 août 2017:

Amour et joie de la marche des rencontres et des ânes

Publié le 27/08/2017 à 05:36 | Mis à jour le 27/08/2017 à 05:41

Route de La Foye-Monjault ou place de Marché pour y chanter avec la guitare, Nour, Olivier et Caroline s'adaptent au climat, aux rencontres et à la vie.

Route de La Foye-Monjault ou place de Marché pour y chanter avec la guitare, Nour, Olivier et Caroline s'adaptent au climat, aux rencontres et à la vie.

Caroline et Olivier, avec Nour, sillonnent la France et même au-delà avec leurs ânes, Gaspard et Bambou. Ils ont fait halte il y a peu à Treillebois.



Caroline Bourdais, un tout petit peu contrariée au bord du chemin de Limouillas, observe nerveusement Gaspard et Bambou attachés court au poteau de ciment. La journée a pourtant bien commencé. Philippe et Jacqueline Rogeon ont eu leur moment de vacances à domicile, en faisant une vraie rencontre avec des baladins marcheurs. Chez eux, Caroline et Olivier ont eu leur café avec l'habitant et une amitié en gourmandise.

Nour, 2 ans et demi, a eu aussi les attentions de ses parents. Ils sont allés chercher les nécessités au supermarché. Musique commerciale, monde décalé, le passage à la caisse ne s'est pas fait de gaîté de cœur. Ce qui fatigue la maman, c'est la traversée des bourgs. Et ce n'est pas tout. Le passage de la grand route est devenu dangereux avec une voiture conquérante peu attentive au pittoresque. À 37 ans, le plus cher désir de Caroline est de goûter au plaisir de la nature, de faire équipe avec l'animal, d'apprendre aux ânes et d'offrir à sa fille une façon de vivre le voyage à 100 %. Finalement elle le réussit presque tout le temps.
Elle est allée un mois avec un âne au Maroc, dans la Drôme et elle a accompagné une amie en roulotte en Roumanie. Elle était donc fine prête pour aller du Finistère à la Catalogne par chemins et sentiers. Ce voyage, c'était en 2016 avec la canicule, les feux de forêts et les ânes du Maine-et-Loire pas encore habitués à marcher. Sabots nus.
Le 17 avril 2017, les randonneurs étaient à Cerbère, tout au sud méditerranéen de l'Occitanie. Olivier Schneider a un frère vigneron dans le coin. Il a remonté la France avec la petite famille, enfant dans le porte-bébé, jusqu'à la Charente. Occasion de tisser toutes les connaissances sur le passage. Là, à Bioussac avec le Théâtre du cheval bavard où il avait déjà fait beaucoup de spectacles. Poète, directeur de la compagnie théâtrale Theôrema en Seine-et-Marne, dramaturge, auteur, acteur, clown, journaliste, le voilà qui rejoint Douarnenez où ils vivent actuellement. En passant par Treillebois, où ils sont accueillis sous la pluie d'orage chez Pierre Janvier et Marianne Mercier.