Prochaine date de tournée: Chantiers de blaye et de l'estuaire
La Gabare, (33710) GAURIAC
le dimanche 29 août 2010 à 17h.
D'abord il y a sa mère.Et puis la danse qu'elle a abandonné pour devenir muse d'écrivain.
Et puis cette rupture, la dernière.
Il y a du sang et des larmes,des rires et de la fureur sur fond de guitare électrique
Créé au Théâtre des Sablons (Fontainebleau) en juin 2009 suite à une résidence financée par l’Office Artistique de la Région Aquitaine, Sentier de Dépendance a été présenté au festival Un Automne à Tisser (Théâtre de l’Epée de Bois – La Cartoucherie), au théâtre du Lucernaire (Paris), invité à Floirac (33) et au 21ème Festival de Théâtre de Blaye et de l’Estuaire
Partenaires :
CRITIQUES
Théâtre |
Par Gilles Costaz |
Sentier de dépendance de Marie de Beaumont |
|
Une femme en tutu noir | |
Paris, Lucernaire jusqu’au 13 mars 2010 | |
« Sentier de dépendance » : l’expression détourne le terme des économistes qui parlent de « dépendance de sentier » pour évoquer les lourdeurs des entreprises accumulées au cours de leur histoire. Mais, ici, cette dépendance, qui pèse sur l’héroïne solitaire de la pièce de Marie de Beaumont, est sentimentale ; elle repose sur un amour lointain qui ne s’efface pas. Danseuse, la jeune fille a abandonné la danse pour une longue relation avec un « écrivain palmé », c’est-à-dire couronné de prix. L’aventure s’est arrêtée. La jeune femme se souvient du passé, d’autres liaisons, de sa mère. Elle tourne en rond, bondit, se désespère, ressasse, jusqu’à ce que l’envie d’avoir un enfant la submerge. Joli texte de Marie de Beaumont, qu’elle-même met en scène sans tomber dans le pathétique mais au contraire dans une vie tourbillonnante, à l’image du personnage frondeur et affranchi, et en laissant à la guitare électrique de Johann Grandin la place d’une partition émotive discrète . En tutu noir, Marie Delmarès, qu’on avait vue si remarquable dans l’Antigone de Sophocle montée par René Loyon, s’affirme là, à nouveau, comme une actrice aux multiples possibilités. Sa formation de danseuse lui donne une présence élastique dont elle n’abuse jamais pour composer un être à la sensibilité songeuse, très physique et très intériorisée, poignante mais moqueuse aussi. Elle porte et illumine le texte. WEBTHEA |
Les Trois Coups:
Hors des sentiers battus
C’est un doux automne que celui qui se passe en ce moment au Théâtre de l’Épée-de-Bois. En effet, c’est dans ce chaleureux théâtre que se tient en ce moment le festival Un automne à tisser. Mais s’il est facile d’y nouer des liens (paraît-il), il y en a d’autres qui sont plus difficiles à défaire. Ainsi, de routines en dépendances, il n’y a qu’un pas, celui qui nous emmène sur un chemin personnel, une route pas commune. Quelques enjambées sur un « sentier de dépendance » qui nous garderont tout à fait éveillés, le temps d’une soirée.
Je dois avouer que j’étais inquiète à l’idée d’un spectacle joué par une seule comédienne et dans lequel on nous laisse entrevoir un croisement entre la parole, la musique et la danse. Peur de m’ennuyer sans doute. Peur également d’assister à un mélange flou de formes artistiques soutenant un propos qui, à première vue, a été traité maintes et maintes fois et qui n’est, en outre, pas forcément des plus consistants.
En effet, ce n’est pas toujours très passionnant d’écouter pendant une heure une inconnue parler de la personne dont elle se sépare, sauf si… Sauf si elle arrive par miracle à nous captiver. Et, ici, curieusement, cela nous intéresse ! Oui, étrangement, car même lorsqu’il s’agit de votre meilleure amie qui s’épanche au café pendant des heures sur les habitudes et les détails de tout ce qu’elle supporte ou non chez son « ex », cela peut sembler difficile par moments de rester attentif, en bon(ne) ami(e) que nous sommes ! Mais dansSentier de dépendance, rien de tout cela. Déjà parce que la bonne copine, qui est souvent là pour écouter les confidences, est absente ! Ici, il n’y a qu’un miroir pour donner la réplique à la comédienne. Miroir, mon beau miroir, écoute-moi, s’il te plaît ! Sans trop en abuser, la comédienne s’en réfère d’ailleurs quelquefois à son reflet. Mais, très vite, c’est nous que nous voyons en toile de fond de ce reflet… Nous qui sommes venus regarder un spectacle, nous devenons ainsi partie prenante de cette histoire. Si bien que c’est à nous qu’elle les confie, ses tirades sur son « ex ».
Mais, loin de paraître romantico-dépressive, c’est avec une tout autre humeur que ce petit bout de femme nous dévoile un détail par-ci par-là, esquisse un pas de danse ou une chansonnette un rien mutins, avec lesquels nous chercherons toute la soirée à reconstituer le puzzle de sa vie sentimentale. Amusante énigme, l’histoire amoureuse de cette femme va au-delà de l’anecdote. Car, finalement, nous n’en saurons pas tant que cela. Tout ce que nous découvrirons restera de l’ordre d’impressions brossées avec une palette de nuances subtilement dosées, non seulement par la plume délicieusement cynique et incisive de Marie de Beaumont, mais, aussi, par le jeu étonnant et tonifiant de Marie Delmarès. Tel un vilain petit canard non « palmé », celle-ci déambule vêtue d’un tutu noir avec pour seule excentricité des gants mauves. De très jolis et simples gants qui nous apparaissent alors comme une discrète touche personnelle. Détail intime, très certainement, à l’image du vécu qui semble avoir nourri et l’écriture et l’interprétation des mots de Marie de Beaumont. Des mots choisis avec attention, qui nous surprennent autant qu’ils nous émeuvent, tout cela sur un fond sonore composé dans l’instant.
Le but n’est pas d’être original. Pourtant, ça l’est. Le but n’est pas de surprendre. Néanmoins, ça surprend. Le but n’est franchement pas d’être drôle, et l’on rit volontiers. Cela pourrait paraître convenu, et cela ne l’est pas vraiment. Et même si l’exercice semble un tantinet narcissique, ce « sentier de dépendance » n’en reste pas moins une curiosité artistique qui maintient notre attention. Pas d’artifice, pas de surjeu, pas d’excentricité gratuite. Mais plutôt une sincérité, un humour aigre-doux, une énergie pétillante, un ton léger, une touche d’excentricité et un esthétisme raffiné qui n’auront de cesse de nous séduire. Il est si doux d’y succomber. ¶
Angèle Lemort
Les Trois Coups
Monologue dramatique écrit et mis en scène par de Marie de Beaumont, avec Marie Delmarès.
"Sentier de dépendance" de Marie de Beaumont est la confession d'un parcours de femme.
Elle raconte, réfléchit et prend conscience des relations qu'elle a entretenues avec sa mère et ses amants. Elle a toujours obéi à leur attente et s'est fondue dans le personnage qu'ils avaient créé pour elle : toujours dépendante du désir et du regard de quelqu'un. Elle se libère de leur tutelle, revisitant son histoire.
Et si elle choisit d'être actrice, en conscience, c'est qu'elle cherche à transformer cette habitude en une activité qui lui soit avant tout bénéfique.
La pièce se joue à deux: la femme-actrice interprétée par Marie Delmarès et Johann Grandin qui l'accompagne à la guitare électrique. La musique fait écho aux fêlures, aux blessures du personnage, elle accompagne une voix qui chante et un corps qui danse. Marie Delmarès grâce à sa formation de danseuse incarne avec naturel son personnage.
Elle exprime à la fois la fantaisie et la névrose avec la même puissance. Elle donne corps à la femme-actrice qui, fragile, en demande d'amour et de reconnaissance, se libère, à petit pas, des jeux de miroir et décide de son propre destin. On perçoit également toute la tendresse qu'elle sent pour son personnage. Elle s'est appropriée un texte difficile, logorrhée perturbée, signes de dépendance et de rébellion, faisant siens les doutes et l'ambition d'être de son personnage.
La mise en scène de Marie de Beaumont met l'accent sur le jeu de l'actrice, elle maintient le délicat équilibre entre le récit d'une conscience et la présence d'un corps en mouvement.
Nous saluons donc cette belle performance qui donne plus d'une fois le frisson.
http://unsoirouunautre.hautetfort.com/archive/2009/10/03/marie-marie.html
Ici, tout s'exclame à la première personne: une jeune femme qui d'autorité se confie, surtout clame ses amours, sur un mode rock'n roll. A dire vrai, Marie-qui-joue je la connais déjà de vue. Juste assez pour croire la voir ici comme dans la vie. Vraie et immédiate, évidente, d'ici et d'aujourd'hui. Rien à voir avec uneAntigone, ni avec aucun rôle qui semblerait bien construit et distancié. Les mots dans sa bouche sont pourtant ceux d'un double, d'une autre Marie-qui-écrit. Et ce personnage ainsi créé qui livre crus ses émois... à y regarder de plus prêt semble très occupé à se cacher lui-même derrière l'ironie.
Car parler à l'envie de ses amants, est ce pour éviter de livrer trop de soi-même? Dans les premiers rôles de son récit: l'Acteur qu'elle vient de quitter, surtout l'Ecrivain qui se veut écrivain maudit et qui aime la jeunesse par-dessus tout. Son portrait d'imbu est acide et irrésistible. Mais s'offrir à la littérature, en muse de 18 ans, ce n'est pas une vie, et ni coucher utile, et peut-être même un marché de dupe. Candeur, amour et cynisme, coups de griffes, en creux de la statue de l'écrivain rapetissé s'imprime le portrait d'une femme éperdue dans ses éducations sentimentales. Qui s'efforce ici de faire oublier par piques et pirouettes en quoi elle pourrait elle-même souffrir: ce n'est pas rien de nous faire rire avec la description de son suicide raté, ni en évoquant ce suicide là bien réussi de Jean Seberg- une autre identité d'emprunt.
Marie-qui-joue met ici à tous ses talents dans la balance. Elle part à l'assaut du public, déploie charme et énergie, chante comme l'on se moque et danse comme l'on vit. Beaucoup mais rien de gratuit, les pas et les notes dessinent des nuances, nous guident dans ce jeu de pistes, par détours et raccourcis, le ruptures ne cassent pas le récit. Plus que les mots, la voix et les gestes s'avancent sans se masquer... c'est au final un très bel exercice d'évitement de soi, qui laisse frustré et content. On aurait très envie de retrouver encore ce beau personnage, pour plus longtemps, mieux comprendre l'avant- ses rapports avec sa maman-, et connaître l'après de ces tranches de vies marquées par l'empreinte des amants.
C'était Sentier de Dépendance, écrit et m.e.s par Marie de Beaumont, interprété par Marie Delmarés, musique et guitare de Johann Grandin. Au Théâtre de l'épée de Boisdemain dimanche encore, au Lucenaire fin février et début mars.
Photos par Gérard Marché avec l'aimable autorisation de Marie Delmares
http://theatredublog.unblog.fr/
À voir aussi Sentier de dépendance, de Marie de Beaumont, avec Marie Delmarès. Apparemment, une comédie rose et noire, le portrait piquant d’une charmante innocente qui raconte ses amours ratées, avec une pointe de satire vive et drôle des mœurs des cultureux et artistes nombrilistes – mais c’est tellement beau d’être Muse !-. L’auteur metteur en scène et la comédienne ont choisi la légèreté : elle danse sa vie, en tutu noir, appuyée par une guitare très douce, avec courage, séduction et humilité. Et peu à peu avec pudeur –presque trop, parfois- on en arrive à l’essentiel expliqué par ce drôle de titre : est-ce qu’on ne se trompe pas de vie, en passant et repassant par des sentiers qu’on a soi-même tracés, peut-être, mais qui ne sont pas les bons, qui ne sont pas soi ? Le temps du spectacle, la chenille ne devient pas papillon, elle l’était déjà. Mais le papillon découvre qu’il peut se poser ailleurs
Christine Friedel
AUTRES SITES:
Le Site facebook
http://fr-fr.facebook.com/event.php?eid=274165357223&ref=nf
Le Site myspace (chansons et musiques du spectacle en ligne):
http://www.myspace.com/detoutcetemps