Marie de Beaumont
Tentative de biographie :
A 6 ans je voulais être poète et éleveur de chien. A 30 ans j'essaie d'écrire du théâtre et j'ai un chat. Entre les 2 j'ai quitté Paris pour Grenoble, étudié le droit, skié, beaucoup lu, écrit presqu'autant, développé un certain talent pour les pastiches, et jeté presque tout ce que j'ai écrit; en 97 j'ai quitté Grenoble pour Paris où j'ai mis 2 ans à complètement arrêter d'écrire, désespérant de trouver une voix propre, décidé de ne jamais être avocat, fait beaucoup de photos, recommencé à aller au théâtre ce qui est finalement devenu mon activité principale de 2000 à 2004. Début 2003, je discute avec Olivier Schneider de mon incapacité à trouver mon style qui bloque tout travail d'écriture, il m'inscite à écrire du théâtre si je ne peux trouver ma voix, pourquoi ne donnerais-je pas la parole à d'autres? De cette provocation nait l'Annulation dont une lecture est faite en juin 2003. Suivent très rapidement, Métro etChoses Tendresdont il s'empare (malgré mes réticences) et le soumet à Théâtre Ouvert...
Marie a été invitée aux journées internationales de l'écriture théâtrale contemporaine de Tunis (mai 2005)
Nouveaux textes: Le Prix au M2 (sélectionné par A Mots Découverts) - texte lu sur France Culture en juillet 2009, et lu au Théâtre de l'Epée de Bois - Cartoucherie le 19 septembre à 17h20, Moi-Miettes (présenté au Salon de l'Edition Théâtrale 2006 et créé au TGP de St Cyr en novembre 2008, mise en scène Olivier Schneider avec Christèle Tual), L'Agence ( mis en scène par l'auteur aux Rencontres de la Cartoucherie 2005 - prog. A l'avenir / Le Monde du Travail), Sentier de Dépendance (création prévue en 2009, mise en scène de l'auteur avec Marie Delmarès)
O. Cruvellier, N. Akoun, O. Schneider dans L'Agence - mis en scène par l'auteur aux Rencontres de la Cartoucherie 2005 - prog. A l'avenir / Le Monde du Travail
LIRE L'INTERVIEW DE L'AUTEUR (Journal de Théâtre Ouvert)
Critique Presse : Revue La Terrasse, le 09/11/08 :
Moi-Miettes
L’actrice singulière Christèle Tual accomplit une performance scénique enjouée en portant sur le plateau d’Olivier Schneider le verbe insolite, provocateur et cru de Marie de Beaumont.
Toute vérité n’est pas bonne à dire, mais l’auteure de théâtre Marie de Beaumont n’a que faire de ce dicton, elle éprouve un malin plaisir à troubler le spectateur en cassant les cadres rigides et convenus de la bienséance. L’héroïne de Moi-Miettes, monologue d’exposition d’un mal-être féminin, raconte tout haut ce qu’il convient de dire tout bas en société. Le bébé hurleur des voisins vagit bruyamment, la jeune femme aurait préféré qu’il ne naisse jamais, rêvant même de l’embrocher ! Et « N’étant pas jeune mère, n’étant pas mère du tout… » , la plaignante ne peut pas faire autorité ; la douleur de ce vide maternel infligé l’accable en tant que femme. Elle rédige à sa table une lettre violente à la mère de ce chaos sonore : son mari la trompe allègrement grâce à ses bons soins écoeurés de voisine consentante. Dans cet immeuble sans âme, à part ce couple et elle-même sans vie sexuelle ni emploi, il n’y a que des chats et des chiens. La célibataire endurcie a eu un chien, qu’elle a lancé sur un pervers. Les conséquences de cette attaque programmée en forme de défense ont été plus cruelles que prévues… Il a fallu piquer la bête.
Une multiplicité de pulsions anarchiques qui lui ôtent le bonheur
Passant d’un sujet à l’autre, la rebelle déclarée se fixe sur Berlin, elle s’identifie à cette ville sans concept et faussement branchée, « des morceaux sans lien comme moi… des quartiers qui ne s’aiment pas dans un flux de bière ». Une ville encore qui symbolise la fête de l’homme, la parfaite union de la bière et du mâle ! La narratrice ne lit plus les journaux, ne regarde plus la TV, n’écoute plus la radio. Elle n’a rien mais elle existe, c’est ce qu’elle voit dans son miroir de reine ( Blanche-Neige), le seul qu’elle ait conservé dans l’isolement de son appartement. L’écriture dans la mise en valeur narquoise de cette anti-héroïne pourrait illustrer Utopie et Désenchantement de Claudio Magris : « L’individu sent une blessure profonde, qui rend difficile pour lui de réaliser pleinement sa personnalité en accord avec l’évolution de la société et lui fait sentir l’absence de la vraie vie ». Moi-Miettes est cette poupée désarticulée, cassée en mille morceaux, faite d’une multiplicité de pulsions anarchiques qui lui ôtent le bonheur d’être. Le metteur en scène Olivier Schneider a senti au plus près l’intensité de ces émois libertaires, à l’écoute de la parole de l’auteur comme du corps féminin en souffrance et des prouesses physiques de la comédienne Christèle Tual, longue silhouette gracile en mal de reconnaissance dont le talent scénique radieux scintille.
Véronique Hotte
Choses Tendres, mise en scene Olivier Schneider (première présentation à Théâtre Ouvert, CDN de Création de Paris puis Foire St Germain, Théâtre de l'Etoile du Nord de Tunis, Théâtre des Sablons à Fontainebleau, Théâtre Luxembourg de Meaux, ....)
mot de l'auteur pour Choses Tendres (ed. Tapuscrit / Théâtre Ouvert):
D'abord 3 couples. Des couples qui n'ont jamais su se parler, alors ils se parlent à eux-mêmes, ils en parlent. Chacun donne sa vision, les voix de l'homme et de la femme se succèdent et pourraient parfois se mêler. Racontent-ils la même histoire? Le premier couple s'aime, ils ont eu un enfant, ils se séparent. Le deuxième couple s'aime, ils doivent se séparerr avant d'avoir eu des enfants. Le troisième couple se convient, ils vont se marier et avoir des enfants - et tous parlent de leurs échecs, à défaut d'avoir su parler d'amour.
Choses Tendres a été présenté pour la première fois à Théâtre Ouvert du 11 au 15 octobre 2004 dans une mise en espace d'Olivier Schneider
mot de l'auteur pour Métro (version acoustique):
Ils sont là et ils attendent, ce n'est pas par hasard qu'ils sont là, ils s'y sont tous posés pour attendre, peut-être le métro... Et puis il y a ceux qui n'attendent plus rien et qui en parlent, et il y a celle qui n'attend plus. C'est là qu'elle décide, là qu'elle agit indifférente aux voix des autres, à leur présence – à son tour elle s'installe dans ce lieu qui n'est fait que pour le transit. Elle se donne en spectacle là où la transparence est de règle, sur un quai de métro. Et voici que nous prêtons oreille à des mots, à une polyphonie, et des situations que nous faisons bien attention d'ignorer chaque jour.
Métro (version acoustique) a été présenté aux Rencontres à la Cartoucherie 2004
mot de l'auteur pour l'Annulation:
(Le texte de l'Annulation 2003 a été dicté, c'est à dire qu'il est passé de la mémoire à la parole sans l'intermédiaire de l'écriture.)
Annulation 2003 n’est jamais qu’une audit en management réalisé par un non professionnel… Un brave type va regarder une équipe bicéphale tenter de monter un projet. L’un des deux dirigeants se place en observateur, en théorie, en perturbateur, en pratique. L’autre refuse de s’affirmer et réussit à décourager tout le reste de l’équipe… Les voici tous lancés droit vers l’échec. Ce disfonctionnement n’est pas propre au monde du théâtre, Combien de projets associatifs se sont brisés sur cet écueil ? J’ai même entendu dire que dans le monde de l’entreprise un dirigeant qui refuse de diriger n’est ni un cadeau ni une rareté. Si j’ai placé annulation 2003 dans le monde du théatre, c’est sans doute parce que je le connais un peu moins mal que les autres tout en n’en faisant pas vraiment parti. C’est un monde où tous les incidents prennent de figures de catastrophes, les gens s’aiment et se haïssent… Et où le temps et l’argent restent des contraintes essentielles. Bien sur, les personnages sont des compilations de différents traits marquants que j’ai rencontré chez différents comédiens débutants, et les tics de langage n’appartiennent pas à un seul metteur en scène mais j’ai bien peur de n’avoir presque rien inventé. Par ailleurs, en tant qu’auteur débutant, le fonctionnement du couple auteur metteur en scène me fascine. Peu d’auteurs vivants sont montés, est-ce parce qu’ils sont trop insupportables ? Les metteurs en scène ont-ils peur d’être submergé par les indications ou est-ce de la timidité ? Je suis persuadé que l’auteur une fois la pièce écrite doit complètement se retirer et laisser le metteur en scène le trahir et l’enrichir d’autant, mais c’est dur à accepter ! Je rève d’une collaboration riche et harmonieuse comme celle de Koltès et Chéreau même si mes auteurs de références , je m’en rends compte après relecture, pour ce texte serait plutôt Gosciny ou Valletti…
Dialogue avec Marie de Beaumont et Frédéric Sonntag :
(interview publié dans le journal de théâtre ouvert N° 11, octobre / novembre / décembre 2004)
Dans vos écritures qui par ailleurs sont complètement différentes, il y a une chose commune : la clarté, la lisibilité d'une histoire. Comment, si l'on veut être clair, peut-on travailler avec l'explicite et l'implicite, le non-dit et l'énigme ?
Marie de Beaumont : Pour moi, ce qui est clair, c'est que l'on ne sait pas tout. On sait que les personnages mentent. Finalement, on sait qu'on ne sait pas tout.
Frédéric Sonntag : Dans Intrusion, par rapport à mes pièces précédentes, j'ai ressenti la nécessité d'une épure dans le déroulement des évènements. Je donne l'impression de raconter une histoire, dans la mesure où il y a des personnages, une situation, une temporalité précise (les personnages savent pour combien de temps ils sont là), une forme assez classique. Mais plus la pièce avance, plus la temporalité est brouillée au profit du seul présent. Raconter une histoire n'est pas une fin en soi. Cela permet simplement de poser un cadre, et cela n'empêche ni la polyphonie ni l'énigme. Ceci dit, la problématique de la fiction est au centre de mon travail.
Vous travaillez sur des stéréotypes ?
Frédéric Sonntag : Oui, et sur des formes très précises, " mixées ". Cela m'intéresse de récupérer des formes et de les détourner, à la manière du pop art. Dans sa forme - 4 jeunes gens enfermés dans une maison - Intrusion joue avec des schémas de sitcom ou même de téléréalité, et certains éléments du cinéma fantastique ; j'ai aussi beaucoup travaillé sur la dramaturgie de la tragédie classique : sa simplicité, l'implacable déroulement des évènements, la fatalité. Je trouve que l'un des enjeux de la fiction aujourd'hui, c'est d'interroger les modèles de fiction dominants. On assiste aujourd'hui à un retour de la fiction. D'une certaine façon, on peut aussi se demander s'il est possible qu'il n'y ait pas d'histoire. Même quand un auteur ne raconte pas d'histoire, on en lit une. C'est la même chose pour la représentation : il y a toujours une représentation.
Marie de Beaumont : Ce qui m'a plu dans votre texte, c'est que vous osez un personnage muet d'un bout à l'autre de la pièce. A la limite, on peut se dire que même si cette jeune fille muette n'avait pas été là, les membres du groupe se seraient disputés à un moment ou à un autre. C'est un personnage muet qui ne joue pas les utilités, c'est ce que j'appellerais un " personnage de hallebardier " : qui tout d'un coup fait que c'est du théâtre.
Dans vos textes, Marie, vous ne travaillez pas sur l'événement, mais plutôt sur l'apparition de la parole de personnages qui livrent leurs propres sensations, qui se racontent par touches impressionnistes.
Marie de Beaumont : C'est vrai que j'écris de façon impressionniste. Il y a clairement des personnages. Je ne sais pas si l'histoire est indispensable, mais pour moi les personnages le sont. J'ai souvent l'impression, en écrivant, que les personnages sont là et que je les laisse parler. Dans mon travail avec Olivier Schneider sur Choses tendres, je refuse toujours d'élucider les manques, les trous dans l'histoire de chacun. J'aime bien l'idée que le metteur en scène et le spectateur soient obligés de s'inventer un lien entre tout ce qui est dit. Je n'ai pas envie de raconter une histoire, mais des histoires.
Frédéric Sonntag : Mais dans Choses tendres, est-ce que vous estimez qu'il y a une dramaturgie ? Est-ce que l'ordre des séquences pourrait changer par exemple?
Marie de Beaumont : Dans l'écriture, j'avais besoin de cet ordre-là, c'était clair et évident. Ensuite, c'est vrai que j'ai imaginé un montage aléatoire. Cette idée m'était venue par rapport aux travaux de Martin Parr qui avait photographié des couples dans la rue et qui, ensuite, avait exposé d'un côté les photos de chaque personne et de l'autre côté, les photos des couples.
Vous dites de vos personnages : " on sait qu'ils mentent ". Mais pourquoi ? Parce que quelqu'un qui raconte sa vie ment forcément ?
Marie de Beaumont : Je crois qu'ils mentent parce qu'ils ne savent pas parler autrement. Ils sont incapables de dire la vérité, de dire " je me suis trompé ", " c'est de ma faute ". En les écoutant, on est obligé d'inventer une vérité qu'ils ne disent pas. Cela a peut-être à voir avec le fait que je sois juriste de formation. Quand on travaille sur un cas, en droit, on commence par prendre en compte chaque fait, chaque petite chose en cherchant quelle question de droit elle pose. On part de quelque chose de complètement technique et on voit apparaître une histoire, des problématiques avec des facteurs humains.
Frédéric Sonntag : Ce qui frappe quand on lit nos deux textes, c'est que l'on travaille sur des formes complètement différentes. Pour moi, il y a clairement une situation, un espace fictionnel, des évènements, une mise en jeu, alors que chez Marie ce sont des personnages qui font le récit de quelque chose, ils parlent mais on ne sait pas où ils sont.
Marie de Beaumont : Oui, justement, c'est le récit de " quelque chose ". Leur présence sur le plateau est justifiée par leur parole. C'est à la frontière de l'existentialisme : j'existe parce que j'ai le droit d'exister, la preuve : j'ai vécu des choses. Quoi ? Je ne sais pas trop mais je les ai vécues. Ce sont des gens qui ont besoin de parler mais qui sont dans l'incapacité de raconter ce qui leur importe vraiment. Vous fonctionnerez de la même manière dans vos prochaines pièces ? Marie de Beaumont : Je suis sur deux pièces en ce moment. Mais je ne sais pas si je vais continuer à écrire du théâtre. J'ai une incapacité, au théâtre, à parler des choses qui me touchent vraiment. En tout cas, mon but reste de faire des instantanés, que ce soit par le biais de la photo, de l'écriture, du cinéma, peu importe. Je veux que les gens ressortent avec des images, et pas forcément celles qui étaient sur le plateau.
Quel est le genre d'histoire que l'on pourrait raconter aujourd'hui ?
Marie de Beaumont : Je ne pense pas qu'il y ait des genres d'histoires que l'on puisse raconter ou ne pas raconter. Il y a juste les histoires que l'on raconte bien et celles que l'on raconte mal. Je suis persuadée que l'on n'invente rien. Le texte qui m'a le plus marqué, c'est la Bible, et j'ai l'impression que toutes les histoires possibles sont dans la Bible, l'Odyssée et l'épopée de Gilgamesh. Ensuite, on ne fait que raconter toujours les mêmes histoires, en ajoutant des anecdotes qui datent l'histoire.
Est-ce que vous pensez justement qu'il y a des histoires contemporaines, qui se passent au moment où vous écrivez et qu'il faut raconter ?
Marie de Beaumont Je pense qu'il y a forcément dans ce que l'on raconte quelque chose de social. Même de façon inconsciente. Ce n'est pas un hasard si Frédéric parle de la télé.
Oui, ça n'est pas dans la Bible…
Marie de Beaumont : Mais le phénomène de vivre enfermé en tribu, de ne pas aller chercher l'étranger ou l'étrangère est dans la Bible. On interdit à Joseph de se marier avec l'étrangère. Par-dessus ces histoires qui existent depuis toujours, on a forcément un verni, une couleur, qui correspond à une réalité d'aujourd'hui.
Et raconter des histoires plus politiques, par exemple sur la guerre, le terrorisme, ce qui arrive dans notre histoire contemporaine ?
Marie de Beaumont : Si c'est pour en parler tel quel, autant écrire un article dans un journal.
Frédéric Sonntag : Même s'il existe des expériences intéressantes de théâtre documentaire, je ne pense pas que ce soit la place du théâtre (ni du roman) d'être informatif. Travailler sur des mythes ou des perspectives, des enjeux qui ont à voir avec cette situation-là, cela me paraît plus intéressant. Le théâtre qui ne serait qu'une retranscription brute du réel n'apporterait pas grand chose. Mais si c'est pour le public un mode de prise de conscience …
Marie de Beaumont : L'histoire du brave soldat Schweik, par exemple, est le symbole de la résistance des intellectuels dans les pays communistes, de la bêtise de la guerre, mais elle utilise le détour. Ce n'est pas frontal. C'est intemporel et beaucoup plus fort je crois qu'un théâtre documentaire.
Frédéric Sonntag : On peut dire la même chose de ce qu'écrit Bond par rapport à la guerre, il n'est pas du tout dans une volonté réaliste, ou en tout cas il n'écrit pas pour nous informer.
Marie de Beaumont : J'ai du mal avec cette prise de conscience dont nous sommes en train de parler, et avec un théâtre de dénonciation. Je vois rarement de proposition derrière. Construire une histoire dans l'actualité, pourquoi pas, mais faire de l'actualité une histoire… Et puis j'ai l'impression que les gens qui vont au théâtre sont en général eux-mêmes plutôt informés et ouverts sur le monde et savent à quoi s'attendre en venant au théâtre. Les spectacles politiques auraient un impact sans doute très différent s'ils étaient joués dans le forum des Halles devant des gens qui ne s'y attendent pas !
Frédéric Sonntag : C'est une idée que l'on peut élargir : qui va au théâtre ? Un vrai problème se pose par rapport aux gens qui prétendent être subversifs, puisque les spectateurs sont souvent acquis d'avance à leur cause. C'est la limite de ce que fait Rodrigo Garcia par exemple.
Est-ce que la subversion a des chances d'être plus efficace si l'on adopte des formes traditionnelles et reconnaissables pour faire passer un discours ?
Frédéric Sonntag Je ne sais pas si c'est une histoire de subversion, mais par rapport à la lisibilité, oui, peut-être. L'écrivain américain Jonathan Franzen, dans son article Pourquoi s'en faire ? (édité dans un recueil éponyme, Ed. de L'Olivier) s'interroge sur la forme et prend comme modèle l'écriture très sophistiquée de William Gaddis. Franzen se demande s'il doit aller vers une radicalité absolue de la forme et de l'écriture, qui le tente, ou vers une " mission sociale " de l'écrivain qui doit raconter une histoire avec des personnages et être lisible, populaire dans le bon sens du terme. Il se pose la question de savoir dans quelle mesure certaines formes qui se prétendent subversives ne sont lisibles que par des gens qui sont forcément d'accord avec le discours qui est derrière. Il est évident que cet argument, il ne faut pas complètement l'entendre sinon il n'y aurait pas d'avancées, mais la réflexion reste pertinente par rapport à cette question de forme et de lisibilité.
Marie de Beaumont De toute façon, je ne suis pas sûre que la subversion au théâtre puisse être une problématique. Pour moi c'est plus l'ironie ou l'humour qui permet le décalage. Photographier la chose, mais de dos. Je ne vois pas l'intérêt de la subversion pour la subversion.
Propos recueillis par Pascale Gateau et Valérie Valade