une création THEOREMA:
CHOSES TENDRES de Marie de Beaumont
éd. Théâtre Ouvert, collection tapuscrit (n° 108)
mise en scène : Olivier Schneider
Femme2, Homme 1, parties 3 et 4 (Estelle Aubriot, Rodolphe Poulain)
(photo Anne-Lise Dehée)
avec Marie Delmarès, Rodolphe Poulain, Estelle Aubriot , Fosco Perinti
création musicale : Jean-Carl Feldis , travail sur le mouvement: Virginie Mercier
lumières: Raphael Lerigoleur
Homme 2, Femme 2, partie 6 (Fosco Perinti, Estelle Aubriot)
Partenaires :
THEATRE DE L'ETOILE DU NORD & IFC (TUNIS)
Théâtre Luxembourd à Meaux, avril 2007
" Une oeuvre d'art vivante, mouvante, les mouvements, la gestuelle, les rythmes, les tableaux lumineux, le rire. Comment en garder avec soi avant de partir? " (un spectateur)
Ils sont 4, deux hommes et deux femmes, qui racontent 3 histoires qu'ils ont vécues à 2. 6 monologues donc, 2 versions de 3 histoires de couple. Y-a t'il vraiment 3 histoires ? Les versions ne concordent pas, ils ne parlent pas de la même chose, y en a t'il un des deux qui ment à chaque fois ? Peut-être leur-est-il simplement impossible d'avouer un échec quand ils voudraient parler d'amour. M.B
Les hommes et les femmes ont une langue variable suivant de qui ils parlent et avec qui ils sont. Le lien avec l'autre, sa nature, sa fiction, crée cette langue, la transforme et la suscite. Je voudrais que ces paroles réveillent la vision que l'on a de soi avec l'autre, vision parfois terrible, et parfois drôle. O.S.
Des monologues " percutants", Alain Dreyfus, Libération
Une mise en scène " bien rythmée" Myrto Reiss pour Théâtre On Line
durée du spectacle : 1h40
(photo Anne-Lise Dehée)
Dès que j'ai lu le texte, j'ai entendu une parole, des paroles vives et sincères, pertinentes - une langue de théâtre.
Où tout cela se passe? Quand et à quel moment de leur vie? Pourquoi se racontent-ils cela?
Toutes ces questions je ne veux pas les résoudre, je veux que les acteurs par leur jeu nous les posent, et nous donnent, à nous spectateurs, le loisir d'y répondre. Aux histoires que ces femmes et ces hommes racontent, je voudrais que s'ajoutent d'autres histoires que l'invisible et le visible des acteurs, la bande son, les regards et les présences silencieuses suscitent en ne les imposant pas. Olivier Schneider.
Rodolphe Poulain, Estelle Aubriot, Marie Delmarès - Théâtre Luxembourg
Tous les acteurs sont présents sur le plateau.
La parole est musicale, physique, provocante.
Le travail sur le mouvement propose un parcours des corps, ce qui se passe entre eux. Entre l'histoire de chaque couple un mouvement à 4 dessine les corps dans la ville, les corps en société.
Femme [1] : Marie Delmarès - formée à l'Ecole du Théâtre National de Chaillot (Saskia Cohen-Tanugi, Pierre Vial, Abbès Zahmani…) - Extrait de son parcours: La fille aux rubans bleus de Yedwart Ingey, Les abbesses, mes René Loyon, Une heure avant la mort de mon frère de Daniel Keene, mes Colette Froidefont, Caïrn de Enzo Cormann, Théâtre de la commune, mes Claudia Stavisky, Jeune Talent Adami " Paroles d'acteur " Avignon in, mes René Loyon, Babylone blues de George Tabori, mes Jurgen Genuit, Au pont de Pope Lick de Naomi Wallace, Théâtre de la Tempête mes Colette Froidefont, Antigone, Soudain l'Eté Dernier, mes René Loyon
Et actuellement avec Theorema: SENTIER DE DEPENDANCE de Marie de Beaumont
Homme [1]: Rodolphe Poulain CNSAD (promotion 1999) / Théâtre: Catherine, d'après, les Cloches de Bâle (L. Aragon, A.Vitez), Jacques Lassalle (lecture) La mégère apprivoisée (W. Shakespeare) mes Rodolphe Poulain; Le jubilé (A. Tchekhov) mes Rodolphe Poulain ; Histoire de vivre (N. Saugeon) mes Catherine Hauseux, La f'te (S. Mrozeck) mes Rodolphe Poulain; La cantatrice chauve (E. Ionesco) mes Yann Policar, La Vie de Galilée mes Jacques Lassalle (th. de la Colline) / Théâtre de rue: Les légendes de la mort, Anatole Le Braz (Cie Lépapi) Extraits du Barzhaz Breizh, littératures orales de la Bretagne (Cie Lépapi) - participe au projet “j’ai !”: Lelabo de Françoise Lebeau (La Villette)
Femme [2]: Estelle Aubriot - Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (Promotion 1995). Elle joue dans Sans dessus dessous, mise en scène de Serge Krakowski, Arrêt fréquents et Cagettes et poules, m.e.s par la compagnie Éclat immédiat et durable (Théâtre de rue), Chimère et autres bestioles de Didier-Georges Gabily, m.e.s d’Anne Torrès, Premier amour de Samuel Beckett, m.e.s Carlos Manuel, Hérodiade de Stéphane Mallarmé, musique de P. Hindemith, Victor Hugo : Il y a des hommes-océans d’après des textes de Victor Hugo, m.e.s Robert Bensimon, Napoléon de Christian Dietrich Grabbe, m.e.s Bernard Sobel, La querelle de l’école des femmes d’après Molière, m.e.s René Loyon, Zakat d’Isaac Babel, m.e.s Bernard Sobel.Le Décaméron, m.e.s Jean Boillot, LES MUSES ORPHELINES de Michel-Marc Bouchard m.e.s: Isabelle Ronayette, Laborintus II, mes Jean Boillot, Fantaisies microcosmiques, mes Stéphanie Tesson, Loin du front Réalisé par Harold P. Manning, Vladimir Leon , Douaumont repris!, real Vladimir Léon
Homme [2]: Fosco Perinti - Formé à l'Ecole de mime Marcel Marceau. De 1988 à 1990 il accompagne Marcel Marceau lors de ses tournées à travers le monde. Wolfram Franck lui fait déclamer du Dante Alighieri en Suisse, Gilles Nicolas le déshabille dans Tutu, Lisa Wurmser le fait virevolter dans La Grande Magie d'Eduardo de Filippo et Le Maître et Marguerite de Mikaïl Boulgakov. Et puis… La Pluie d'Eté de Marguerite Duras mise en scène Dominique Bertola, Divertissements Touristiques de Noëlle Renaude mise en scène Christian Germain, narrateur principal de Laborintus II de Luciano Berio mise en scène Jean Boillot, ensemble Ars Nova, et à Amsterdam pour l'ASKO Ensemble, direction Emilio Pomarico. L'Opéra de 4'sous, prod. Opéra Eclaté, Monsieur Arrière's Makro Scrabble, mise en scène Heinz Friedl, Theater Hagen (Allemagne)
dans les loges (photo Anne-Lise Dehée)
Marie de Beaumont: Après des études de droit elle se consacre à l'écriture et à la photographie. Elle écrit d'abord L'Annulation, mis en espace par Olivier Schneider à l'Aktéon en juin 2003 (à l'occasion de l'annulation de Gros c'est gros), puis Métro, présenté aux Rencontres de la Cartoucherie 2004, à la suite de Choses Tendres elle écrit Le Prix au M2 - dialogues - (lu à la SACD pour A Mots Découverts), et Moi-Miettes - un monologue déstructuré,Marie a présenté dans sa propre mise en scène l'Agence pour les Rencontres à la Cartoucherie 2005, et actuellement Sentier de Dépendance, prochainement à l'Epée de Bois
le metteur en scène:
Olivier Schneider,
Olivier Schneider part en 1998 à Moscou à l'Université des Sciences Humaines. De son séjour en Russie où il fréquente assidûment les théâtres, il revient avec l'envie de présenter au public parisien les auteurs grinçants et satiriques découverts lors de ses recherches. Son expérience de comédien n'étant pas suffisante pour réaliser ses projets, il décide de suivre le Dess de mise en scène, dramaturgie de l'Université de Nanterre. Il y apprend l'écriture scénique et la mise en scène théâtrale. Cette formation pratique faite en collaboration avec les principales institutions théâtrales parisiennes lui permet de travailler avec : Frédéric Fisbach du Studio Théâtre de Vitry, Jean-Yves Ruf, Jean Boillot et Gilles Taschet du théâtre des Amandiers à Nanterre, Dominique Boissel, David Lescot, Jean Jourdheuil, Jacques Rebotier. Assistant de Jean Boillot sur Laborintus II, dramaturge de Thierry de Peretti pour ses créations au Vieux Colombier (Gengis parmis les Pygmées de Grégory Motton, Le Mystère de la Rue Rousselet d'Eugène Labiche). Actuellement il est metteur en scène-directeur de la compagnie Theôrêma pour laquelle il a monté les auteurs Molière, Daniil Harms, Octave Mirbeau, Karl Valentin, et Marie de Beaumont. Soucieux de s'ouvrir aux autres formes artistiques, il met en scène un choeur amateur (Les Menilschantants, dir. Ludivine Sanchez), un théâtre Equestre (Le théâtre du Cheval Bavard, dir. Galienne Tonka), tout en s'ouvrant aux arts de la pistes...
Marie Delmarès
la Chorégraphe: Virginie Mercier
Formée par Franquetti (Opéra de Paris), Claudine Scouarnec, Wayne Byars. En septembre 2002 elle rencontre Patrick Ehrhard. C'est une révélation. Avec cette compagnie elle découvre le ballet-théâtre. Elle a vu la mise en espace de Choses Tendres. Elle découvre que l'écriture contemporaine à un rythme et donne la possibilité d'y associer un mouvement. C'est la première fois qu'elle travaille avec des non-danseurs, acceptant le défi de travailler dans un échange avec les comédiens à partir de leur capacité, de leurs propositions.
musique: Jean Carl Feldis
lumières: Raphaël Lerigoleur
Femme [1] - Je suis 2. Depuis toujours. Pour tout. Pas 1, pas 3, juste 2. Déjà dans la famille, j'étais 2 . Mon frère était un et moi 2. A ses amis, à la famille, mon père disait alors voilà notre numéro 2 et cela suffisait. Parfois il oubliait même de dire mon prénom. Le chiffre suffisait. Pour moi. Mon frère n'était pas numéro 1. Jamais. Il était l'aîné. Voici donc notre aîné et le numéro 2. Dans cet ordre, toujours. Cela aurait été bizarre qu'il échange. Cela n'aurait pas eu de sens. Cela n'en avait pas tellement non plus dans ce sens là.
(...)
Pour la société aussi c'est bien 2. A condition de n'en faire qu'1. Etre à 2, pas être 2. Lui, je lui en ai parlé tout de suite. Du 2. C'est aussi un 2. Le numéro 2 de la famille. Lui c'est un petit dernier aussi. Mais ils espéraient un 3. Il a toujours été 2. Pas le dernier. Quand ils ont abandonné l'idée du 3. Il était trop grand pour devenir le dernier. Il est resté le numéro 2. 2 comme moi. Je lui ai dit le 2. La fatalité du 2. Il a dit - Nous ne sommes plus 2. Nous sommes un couple. J'ai dit - Non. Une paire. Une paire de 2. Il a dit - C'est déjà un. J'ai dit - Une annonce. Au poker c'est une annonce. La plus basse. Je n'aime pas. Il a dit - Quoi. J'ai dit - Les jeux. Il a dit - Mais nous sommes 1. J'ai dit - Je suis toujours 2.
(...)
Homme [1] - J'ai pas compris. Tout ça c'est à cause de son obsession. Je dis obsession mais elle en parlait pas tant que ça, pas à moi en tout cas. Elle et moi, nous parlions surtout de sexe et de cuisine. Pas que de ça, mais surtout. Au début, ça m'a un peu choqué. C'était nouveau pour moi. Je faisais l'amour quand j'avais l'occasion et je mangeais pour me nourrir avant. Elle m'a appris qu'on pouvait en parler. Chez moi quand j'étais petit tout ce qui faisait plaisir on en parlait pas. On disait merci et on vidait son assiette et si c'était particulièrement bon, un gâteau à la framboise pour un anniversaire par exemple, on disait merci une deuxième fois après l'avoir mangé et on en parlait plus. Il y avait des choses plus importantes tout de même. Je ne sais même plus si c'était bon d'ailleurs.
(...)
Femme [2] - D'abord y'a la grand-mère. Que personne n'écoute. Qu'on sort de son mouroir une fois par semaine, parce que ça se fait. On se passerait bien d'elle, mais ça se fait. On peut pas dire qu'elle gêne beaucoup non plus. Ca, non. Elle ne prend pas de place. On la pose, elle mange. De temps en temps, " Qu'est ce que c'est ça " et tous les autres, " mais tu sais bien, tu en as déjà mangé ! ". On peut pas dire qu'ils attendent qu'elle crève. Non, on peut pas. Enfin si ça arrivait, ça surprendrait personne non plus C'est de son âge. Et puis tout fonctionne moins bien ; Elle a de plus en plus mal à marcher. Y'a un œil qui fonctionne plus à moins que ce soit une oreille mais elle a encore toute sa tête. Il faut dire qu'ils s'occupent bien d'elle. Là-bas. Elle y est heureuse, elle voit des gens… Elle a même un ami de cœur… Enfin, si elle meurt. Ca va arriver. C'est dans l'ordre des choses. Ca changera les habitudes quand même. Ils seront tristes sans doute. Enfin ça fera toujours des économies. Parce que c'est pas avec sa retraite qu'elle pourrait se payer ça. Oh non. Ca coûte cher ! On en parle pas mais elle a beaucoup diminué cet hiver. C'est dans l'ordre des choses.
(...)
Estelle Aubriot
Homme [2] - Elle n'est pas vraiment jolie mais elle est saine. C'est essentiel pour les enfants, la santé. Et puis il ne faut pas exagérer, elle n'est pas vraiment moche non plus. Je ne peux rien lui reprocher. Elle s'arrange. Elle essaie en tout cas. Elle fait des efforts pour s'habiller, elle se maquille tous les jours depuis qu'on est ensemble. De là à dire qu'elle a bon goût… Mais elle fait des efforts, je dirais même qu'elle est en progrès. Je lui ai fait arrêter le rouge à lèvres vermillon. Je n'ai rien eu à dire. Quand on a sa bouche, le fard est plus fait pour masquer que pour faire ressortir. Je lui ai conseillé les bruns, les beiges… Je lui passe le rose. C'est un peu ridicule à son âge… J'exagère un peu. Sa bouche n'est pas laide. Elle est juste disproportionnée par rapport au reste du visage.
Marie Delmarès, Théâtre Luxembourg, Meaux
CHOSES TENDRES de Marie de Beaumont , éd. Théâtre Ouvert, collection tapuscrit (n° 108)
Diffusé à la librairie Montbardon à Bourg en Bresse, la librairie Majuscule à Carcassonne, la librairie L'Odeur du Temps à Marseille, Le Brouillon de Culture à Caen, Les Sandales D'Empédocle à Besançon, Circa - La Chartreuse à Villeneuve Avignon, Ombres Blanches à Toulouse, Mollat à Bordeaux, Sauramps-le Triangle à Montpellier, Le Square/Librairie de l'Université à Grenoble, Quartier Latin Librairie à Saint-Etienne, Vent d'Ouest à Nantes, Contact à Angers, L'Autre Rive à Nancy, Dialogues Théâtre à Lille, Quai des Brumes à Strasbourg, La Mandragore à Châlon-sur-Saône, Coup de Théâtre à Paris 1er, Fnanc Forum à Paris 1er, Librairie Théâtrale Paris 2ème, L'Arbre à Lettres Paris 5ème, Palimpseste, Paris 5ème, Alizée SFL Paris 6ème, Bonaparte Spectacles Paris 6ème, Le Coupe Papier Paris 6ème, La Hune Paris 6ème, Librairie Tschann Paris 6ème, Librairie du Rond-Point Paris 8ème, Epigramme Paris 11ème, Libralire Paris 11ème, Le Divan Paris 15ème, Librairie de Paris Paris 17ème, Anima Paris 18ème, L'Attrape-Coeur Paris 18ème, L'Humeur Vagabonde Paris 18ème, La Mémoire du Monde à Avignon, Folie d'Encre à Saint Denis, Librairie Mille Pages à Vincennes, en Belgique: librairie Tropismes à Bruxelles
La mise en espace à Théâtre Ouvert octobre 2004
Projet dramaturgique de Choses Tendres de Marie de Beaumont par Olivier Schneider
Entre les Choses… Publié dans le Journal de Théâtre Ouvert, automne 2004 (extraits)
Ce projet est au croisement de 2 axes de mes recherches personnelles, l'un sur ce qui est, ou peut devenir la parole monologuée, une recherche que j'ai menée en tant qu'acteur et de metteur en scène , l'autre axe sur ce qui se crée entre les acteurs - ce qui les relit les uns aux autres, ce qui les écarte, la tension qui les sépare.
Ma première démarche, quand je me suis emparé de Choses Tendres, a été d'en compter le nombre de personnages. De 6 individus possible pour 6 monologues, 3 hommes et 3 femmes, je n'en ai retenu que 4. Pour qu'un homme et une femme aient en charge 2 monologues à des instants différents de leur vie, à deux étapes de leur parcours. Ainsi le premier homme et la deuxième femme de cette succession de paroles pouvaient faire le lien entre les différentes histoires. Puis il a fallu définir à qui ils s'adressaient, et ainsi Choses Tendres est devenu une affaire de théâtre. Ce que je voudrais faire voir, c'est le lien amoureux, ou l'échec d'être ensemble.
Revoyons l'ordre des choses. D'abord une femme a pour nécessité de nous dire pourquoi elle a quitté celui qu'elle aime, mais qu'elle ne verra plus et dont elle garde l'enfant. Cet homme est présent sur la scène et l'on entend sa voix durant de courts dialogues. On le voit ensuite, se confiant à une autre femme, se justifiant, et revivant sa première histoire comme une plaie incompréhensible qui ne se referme pas. Il y a quelque chose de ridicule et de vain, et pour celle qui écoute, un parler cru, insoutenable. Puis vient la dérision de la deuxième femme, quelque chose de drôle, et d'intelligent, mais aussi quelque chose de désespéré, comme si ce qui condamnait leur amour, c'était de pouvoir en rire, de s'en moquer. J'aime voir comme l'homme se transforme, et cela par la langue qu'il utilise, d'un vocabulaire hésitant, qui se cherche, à un vocabulaire volontaire, dans un rythme un peu trop décidé. Puis la même femme, que l'on retrouve comme après un choc, se transforme elle aussi en adoptant un parler précipité et inquiet, en plein préparatif de ses noces. Reste au deuxième et dernier homme de conclure, de juger et de se dire au dessus de l'amour par amour pour la peinture.
Où tout cela se passe? Quand et à quel moment de leur vie? Pourquoi se racontent-ils cela? Toutes ces questions je ne veux pas les résoudre, je veux que les acteurs par leur jeu nous les posent, et nous donnent, à nous spectateurs, le loisir d'y répondre. Aux histoires que ces femmes et ces hommes racontent, je voudrais que s'ajoutent d'autres histoires que l'invisible et le visible des acteurs, la bande son, les regards et les présences silencieuses suscitent en ne les imposant pas. A ce jeu de devinettes répond la réalité de la langue, sa matière et son rythme. Les témoignages se succèdent, 2 pour la même histoire, pour que chacun se trompe. Le spectateur peut voir cette autre qui manque ou cet autre dont on parle, et entendre comment l'autre à son tour se définit par rapport au premier.
Après la succession des deux premiers monologues, j'ai choisi de mêler ensemble ceux du couple qui suit. C'est un dialogue sans réponse, cet homme et cette femme, si proches et intimes ne s'écoutent plus, c'est une séparation (sans que l'on sache lequel se sépare de l'autre). Car il y a les autres, qu'il faudra bien inviter dans notre imaginaire, la famille, le travail, les collègues. Le dernier couple se définit par ces autres et pour ces autres, ils envahissent progressivement le plateau jusqu'à transformer l'amour en une anecdote, voire un antidote bien utile. D'un être solitaire, remplir la scène de tous les autres, d'une parole vraie et sincère, laisser deviner tous les mensonges: c'est un projet de construction, porté par l'écriture de Marie de Beaumont, et dont les acteurs, sur le plateau, seront les inventeurs.
Olivier Schneider.
Merci à Frédéric Mauvignier, à Micheline et Lucien Attoun, à toutes l'équipe de Théâtre Ouvert, à France Girard et à Bruno Michon
Une vidéo de présentation a été finalisée par Salvo Manzone, association EPINOIA